Nafi Thiam quitte Monaco les mains vides: "Un honneur d’être nommée parmi les cinq meilleures athlètes mondiales"
La Namuroise ne voulait pas rater la grand-messe de fin d’année à Monaco.
- Publié le 04-12-2018 à 21h46
- Mis à jour le 05-12-2018 à 08h04
La Namuroise ne voulait pas rater la grand-messe de fin d’année à Monaco.
Après avoir remporté les prix d’Étoile montante (2016) et d’Athlète féminine de l’année (2017) lors des deux éditions précédentes des IAAF Athletics Awards, Nafissatou Thiam a, cette fois, quitté Monaco les mains vides. Accompagnée par Niels Pittomvils, le décathlonien qui partage sa vie, la championne olympique de l’heptathlon ne se berçait guère d’illusions sur ses chances avant la cérémonie: elle n’était donc pas trop déçue. Son très bref séjour à Monaco, de lundi après-midi ("après avoir pu faire ma muscu") à ce mercredi matin - son réveil sonnait à 5h pour qu’elle puisse assister à ses cours à l’université de Liège dans l’après-midi -, Nafi semblait y tenir vraiment.
"C’est chouette de participer à ce genre d’événement quand on est athlète et qu’on est intéressé par ce qu’on fait", explique-t-elle. "En plus, je considère que c’est un grand honneur d’être nommée parmi les cinq meilleures athlètes mondiales de l’année. Mais je n’ai pas envie de rater trop d’entraînements, raison pour laquelle j’ai aussi fait une séance au stade Louis II ce mardi matin."
La présence de notre compatriote lors de cette prestigieuse grand-messe de fin d’année souligne avec force la régularité dont elle fait preuve au plus haut niveau depuis trois saisons. "C’est vrai que j’ai eu trois très belles années et j’en profite, sachant que cela ne se passera pas toujours comme ça", dit-elle. "Le sport est fait de hauts et de bas. Jusqu’ici, j’ai eu beaucoup de hauts et une année de plus où ca va bien, c’est toujours un soulagement dans la mesure où on ne contrôle pas tout et qu’il peut arriver qu’on se plante même en ayant bien travaillé. J’essaierai de me rappeler de cela quand ça ira moins bien."
En attendant, Nafi Thiam peut se retourner sur une "très belle année", avec trois records personnels (hauteur, longueur et poids) - "ce qui prouve que je continue à m’améliorer" - et deux heptathlons à plus de 6 800 points dont une compétition très difficile à l’Euro de Berlin.
"C’était plus serré avant le javelot mais je me bats toujours avec la même rage dans tous mes hepathlons parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver dans l’épreuve d’après", assure-t-elle. "C’était compliqué parce que la victoire nest pas venue toute seule mais j’ai eu des heptathlons plus compliqués que celui de Berlin. À Rio, j’étais blessée, à Londres j’ai ressenti énormément de pression et à Berlin, je ne m’attendais pas à coincer à la hauteur par exemple. Mais je suis aussi mieux entraînée, j’ai plus d’expérience à 24 ans qu’à 19, et en fin de compte, ces circonstances différentes, les difficultés que j’ai pu rencontrer à l’entraînement comme en compétition, m’ont renforcée. Maintenant, je ne me considère certainement pas imbattable. L’objectif est toutefois de travailler pour m’améliorer, viser plus haut et me rendre difficile à battre."
Et pour 2019, ne lui parlez pas de record d’Europe ou de titre mondial. "Ce n’est pas le genre de chose qu’on planifie. Cela tombera quand ça doit tomber..."
"Un choc d’avoir autant d’attention"
L’heptathlonienne a dû s’adapter à tous les aspects de la célébrité.
À Monaco, où Nafi Thiam a pu échanger quelques mots avec le prince Albert II l’an dernier, notre athlète n°1 est presque dans son élément désormais même si les mondanités n’ont jamais constitué son biotope. Avec la répétition des remises de prix, d’année en année, et au fil de ses rencontres avec différentes personnalités, Nafi se prend au jeu et ne se montre plus aussi impressionnée qu’après ses premiers succès.
"C’est dans ma personnalité : je ne suis pas quelqu’un qui va se mettre en avant ou essayer d’attirer l’attention", dit-elle à ce propos. "J’ai toujours été un peu timide étant jeune. Alors recevoir beaucoup d’attention à la suite de ma première grande victoire, en 2016 à Rio, cela a quand même été un choc et j’ai dû m’y habituer pendant quelques semaines. Mais ces événements font partie de ma vie maintenant. Comme on dit, ça fait partie du jeu et l’athlétisme est heureusement un monde encore assez accueillant, donc ce n’est pas difficile de mener des discussions avec certaines personnes plus connues. On s’habitue ! Et je dois dire que je n’ai jamais eu de mauvaise expérience; tout le monde est toujours super gentil avec moi, donc vraiment, ça va !"
"Il faut oser prendre des risques"
Impressionnée par les performances de Kevin Mayer, le Français auteur d’un fabuleux record du monde du décathlon en septembre dernier ("En plus d’être fort dans les dix épreuves, il a vraiment un gros mental"), Nafi Thiam va continuer à travailler à sa propre progression en réalisant certains tests à l’entraînement comme en compétition. "À Götzis, cette année, tout le monde dit que mon élan plus long m’a coûté le record d’Europe mais je pense qu’on s’avance un peu en disant cela", explique l’intéressée. "Il faut savoir ce qu’on veut dans la vie : moi, je veux être la meilleure athlète possible et cela passera par des changements. Si tu ne prends pas de risques, tu resteras à ton niveau et tu ne vas jamais nulle part. À la hauteur, ça a fonctionné ; au javelot, pas. Mais je n’ai aucun regret. On continue à travailler sur la construction d’une nouvelle course d’élan au javelot mais cela prend du temps…"